Source : La Presse Canadienne
Comme pour tout le reste de nos jours, rechercher un partenaire de vie coûte de plus en plus cher. Et même si Kasi Johnston, 30 ans, n’a rayé personne de ses contacts à la suite d’une facture salée au restaurant, sa recherche de partenaire prend clairement plus de place que d’habitude dans ses finances.
« J’ai réduit la fréquence de mes rendez-vous, surtout ces derniers mois, avoue Kasi. L’addition monte très vite. »
Alors que l’inflation a touché les 8,1 %, un sommet depuis près de quatre décennies, la hausse du coût de la vie exerce une pression sur les personnes qui cherchent simplement à s’adonner à des activités ordinaires, comme la recherche d’un partenaire.
Les chiffres de Statistique Canada témoignent d’ailleurs de cette réalité.
Boire un verre dans un bar? Il faut payer 5,5 % de plus que l’an dernier.
Souper au restaurant? Aujourd’hui, c’est 7,1 % plus cher.
Une mise en plis et une manucure? Le coût des soins personnels a augmenté de 3,5 %.
De nouveaux vêtements? Vous paierez 2 % de plus.
Une escapade d’une fin de semaine? Les frais d’hébergement ont augmenté de près de 50 % par rapport à l’an dernier.
On peut facilement dépenser une petite fortune pour un rendez-vous et se rendre finalement compte que le courant ne passe pas si bien.
Kasi n’a jamais autant dépensé pour ses vêtements, sa coiffure, son maquillage ou ses ongles en vue de ses rendez-vous, mais elle se rend tout de même à ces sorties à pied si le lieu est suffisamment proche de chez elle. Cela dit, elle ne sacrifie jamais ce qui lui plaît.
« Pas question de me priver d’un cocktail juste parce qu'il coûte cher, dit-elle. Je pourrais dépenser 18 $ pour un cocktail, plus le pourboire. Parfois, j’en prends même deux ou trois. Et si tout se passe bien, j’achète même de quoi manger. »
Elle dépense souvent au moins 50 $, et sa facture peut monter jusqu’à 300 $.
L’an dernier, Kasi a voulu se lancer de nouveau après l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19. Elle a donc utilisé des applications de rencontre pour remettre les choses en marche.
« Je voulais mettre toutes les chances de mon côté et essayer de rencontrer le plus de personnes possible », raconte-t-elle.
Par contre, lorsque vous tentez de donner une chance au plus grand nombre de personnes possible, le ratio de bons et de mauvais rendez-vous finit par changer. Quand les choses ne se passent pas bien, c’est non seulement un échec parce qu’aucun lien significatif ne se crée avec l’autre, mais aussi parce que vous avez dépensé au moins 100 $. »
Shannon Tebb, coach de rencontres, suggère d’organiser un premier rendez-vous dans la nature, qu’il s’agisse d’une promenade à vélo, d’une randonnée pédestre, d’une sortie en kayak ou à la plage, d’une marche au bord de l’eau ou du fait de louer une planche à rame.
« Bon nombre de personnes ne se rencontrent pas au restaurant », explique-t-elle.
« Lorsque deux personnes se rencontrent pour souper et que le rendez-vous ne se passe pas très bien, chacun a l’impression qu’il faut quand même y consacrer du temps, si bien que la note peut atteindre les 200 $ ou 300 $, et ce, alors que ça n’ira pas plus loin. »
Selon Mme Tebb, un rendez-vous au café peut être un bon moyen d’apprendre à connaître quelqu’un et ne devrait pas être complètement rayé de la liste. Même certaines des idées qui sont nées au début de la pandémie de COVID-19 peuvent se révéler efficaces dans les premières étapes d’une fréquentation. C’est par exemple le cas d’un pique-nique au parc.
« Si quelqu’un vous propose de vous rencontrer dans un café et de marcher, il ne faut pas en conclure que cette personne ne fait aucun effort. Songez simplement au contexte actuel et à la façon dont il faut gérer ses finances en ce moment », précise-t-elle.
Si vous vous êtes rencontrés plusieurs fois et qu’il y a une certaine chimie, vous pouvez songer à rester à la maison et à cuisiner ensemble, à organiser une soirée de jeux ou à regarder des films dans le jardin (si vous en avez un). Il s’agit là de moyens économiques qui vous permettront de continuer à vous amuser tout en créant un lien.
Mme Tebb n’insinue pas pour autant que l’on devrait éviter les rendez-vous au bar et au restaurant.
« Je ne dis pas qu’il faudrait revenir aux rendez-vous ennuyeux et se limiter aux balades », précise-t-elle.
« Je veux encourager les célibataires à se rencontrer dans des endroits agréables de même qu’à profiter d’une ambiance et d’une expérience qui sont plaisantes. Je ne souhaite pas non plus qu’ils cassent leur tirelire simplement pour rencontrer un étranger. »
Kasi Johnston explique qu’elle se montre beaucoup plus sélective en ce qui concerne les personnes qu’elle fréquente et les rendez-vous qu’elle accepte depuis qu’elle a réduit la cadence.
Pour y parvenir, elle a délaissé les applications de rencontre et ne se fie désormais qu'à son réseau d’amis pour trouver un partenaire.
En tant que professionnelle célibataire à Toronto, elle souligne également qu’il lui faudra probablement deux fois plus de temps pour réussir à réaliser certains des objectifs à long terme qu’un couple pourrait atteindre beaucoup plus rapidement, compte tenu des coûts élevés en ville, notamment pour une mise de fonds pour une maison. Bien que l’argent ne soit pas un facteur décisif pour elle, Kasi est à la recherche d’une personne qui se trouve dans une situation financière semblable, voire meilleure, que la sienne.
« Sur les applications de rencontre, vous finissez par organiser des rendez-vous en personne en vous disant que vous ne perdez rien à essayer. Mais comme tout coûte cher, ça n’en vaut probablement plus la peine », conclut-elle.
Certaines personnes choisissent de ralentir leur rythme de fréquentation jusqu’à ce que leur situation financière se stabilise ou que le climat économique s’améliore. Cela dit, comme le résume si bien Mme Tebb, « ce n’est pas demain la veille que les humains cesseront de créer des liens entre eux; il y aura donc toujours des célibataires en quête d’un ou d’une partenaire ».
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