Devrait-on rembourser ses dettes d’études avant d’investir?

Rédigé par : Jason Heath, CFP

Source : MoneySense

Les jeunes et récents diplômés font face à des priorités financières concurrentes. Une fois sur le marché du travail, il est tout à fait normal de vouloir abandonner le mode de vie estudiantin et de profiter de sa liberté à sa façon. Mais à un moment donné, on doit décider ce que l’on fera de ses liquidités supplémentaires : investir ou rembourser son prêt étudiant. Comme c’est souvent le cas en finance personnelle, le choix stratégique dépend de sa situation, et dans ce cas-ci, le type de prêt étudiant contracté.

Investir ou rembourser ses dettes

Le secteur de la finance consacre beaucoup plus de temps à parler de placements que de remboursement de dettes, ce qui peut en inciter plus d’un à commencer à bâtir un portefeuille de placement. Les placements sont également devenus plus ludiques, et de nombreux jeunes connaissent quelqu’un (peut-être indirectement par le biais des médias sociaux) qui s’est enrichi en investissant dans des actions-mèmes, des cryptomonnaies ou des JNF. Cela peut mener à la crainte de rater une occasion.

La vérité est que la plupart des investisseurs gagnent de l’argent lentement au fil du temps, et même les professionnels ont de la difficulté à suivre le rythme des rendements boursiers, et encore plus à surpasser le marché. Par conséquent, il peut être payant d’adopter une approche à long terme au moment de choisir entre l’investissement et le remboursement de ses dettes et de choisir ce qui convient le mieux à sa situation.

L’un des objectifs de la planification financière est d’accroître sa valeur nette. On calcule la valeur nette en soustrayant le passif de l’actif. Lorsqu’on est jeune, cette formule aboutit parfois à une valeur nette négative. Mais que l’on augmente son actif ou réduise son passif, les deux augmentent la valeur nette. Et les deux sont bons pour ses finances. La meilleure solution pour chacun dépend de plusieurs facteurs.

L’intérêt sur les prêts d’études canadiens n’est plus

Si vous avez un prêt d’études canadien, sachez que le gouvernement fédéral a éliminé de façon permanente les intérêts sur ces prêts le 1er avril 2023. Génial, non? Les intérêts accumulés avant cette date doivent tout de même être remboursés, mais aucun nouvel intérêt ne s’accumule. La province du Nouveau-Brunswick a fait de même pour les prêts étudiants intégrés Canada–Nouveau-Brunswick.

Par conséquent, une partie de la dette étudiante est sans intérêt, ce qui rend le remboursement moins urgent. Si vous êtes en mesure d’investir, entre autres dans un compte d’épargne à intérêt élevé (sans parler d’un certificat de placement garanti [CPG], d’actions, d’obligations, d’un fonds négocié en bourse [FNB] ou d’un fonds commun de placement) et d’obtenir un taux de rendement supérieur à zéro, vous aurez intérêt à investir plutôt qu’à rembourser votre dette étudiante sans intérêt.

Cela dit, vous devez tout de même effectuer des versements sur les prêts étudiants fédéraux, à compter de six mois après que vous n’êtes plus étudiant à temps plein. Ces paiements ont une incidence sur votre admissibilité à d’autres produits de crédit, y compris un prêt hypothécaire ou un prêt-auto. Il est donc avantageux de rembourser votre dette.

Intérêts sur les prêts étudiants provinciaux

Les prêts étudiants provinciaux ou bancaires comportent généralement des intérêts à payer. Si vous avez une dette assortie d’un taux d’intérêt de 5 % et que vous avez la possibilité de la rembourser ou d’investir, vous devez généralement obtenir un rendement supérieur à 5 % pour avoir intérêt à investir. Il peut y avoir des exceptions, comme si vous avez un régime de retraite ou d’épargne d’entreprise auquel l’employeur verse des cotisations équivalentes. Cela peut faire de l’investissement le meilleur choix.

Il est toutefois possible de déduire les intérêts des prêts étudiants de sa déclaration d’impôts, ce qui peut faire baisser légèrement le coût des intérêts après impôts. On peut réclamer les intérêts sur les prêts étudiants que l’on a payés au cours de l’année en cours ou des cinq années précédentes si on a reçu le prêt en vertu :  

  • de la Loi fédérale sur les prêts aux étudiants;
  • de la Loi fédérale sur l’aide financière aux étudiants;
  • de la Loi sur les prêts aux apprentis;
  • des lois provinciales ou territoriales semblables aux lois susmentionnées.  

Les économies d’impôt représentent généralement environ 20 % des intérêts payés. Cela varie légèrement selon sa province ou son territoire de résidence. 

Les prêts étudiants ont-ils une incidence sur les cotes de crédit au Canada? 

Oui, toutes les dettes ont une incidence sur la cote de crédit, mais tant que l’on fait ses paiements à temps, il est peu probable qu’un prêt étudiant ait une incidence négative importante. Si le niveau d’endettement est élevé par rapport au revenu, cela peut avoir une incidence sur le montant total que l’on peut emprunter. Toutefois, un historique de remboursement sain, sans paiements manqués ou en retard, sera le facteur le plus important qui pourrait influer sur la cote de crédit. 

Les prêts étudiants sont-ils considérés comme un revenu? 

Non, les prêts étudiants ne sont pas considérés comme un revenu. Il n’est pas rare que les gens se posent des questions à ce sujet. Les prêts étudiants peuvent toutefois être fondés sur le revenu, en particulier le revenu familial. La situation familiale et le revenu peuvent avoir une incidence sur l’admissibilité aux prêts étudiants et aux diverses bourses d’études. 

À quoi faut-il penser avant de commencer à investir

Donc, si on a un prêt étudiant sans intérêt, des cotisations de contrepartie de l’employeur dans un compte de placement ou une tolérance au risque de placement relativement élevée, on peut envisager d’investir plutôt que de rembourser sa dette étudiante.

Il est à noter que la tolérance au risque varie d’une personne à l’autre. De par leur nature, les jeunes peuvent avoir une tolérance élevée au risque. Ou encore, les conseillers financiers ou les membres de leur famille pourraient leur dire d’investir massivement, car ils sont jeunes et ont un horizon de placement à long terme.

Cependant, les jeunes ont souvent un horizon de placement relativement court. Il se peut que l’on ait besoin de son épargne plus tôt que prévu pour poursuivre des études, disposer de liquidités entre deux emplois, acheter une voiture, payer le premier et le dernier mois de loyer, acheter des meubles, voyager, faire une mise de fonds pour l’achat d’une maison, acheter une bague de fiançailles, se marier ou avoir un bébé, entre autres dépenses. Les jeunes ont aussi tendance à avoir une expérience de placement limitée et par conséquent, sont exposés à une plus grande probabilité de pertes s’ils ne comprennent pas un placement ou s’ils réagissent impulsivement à la volatilité des placements.

Le remboursement de la dette étudiante n’est jamais un mauvais choix. Mais si l’on investit au lieu de rembourser ses dettes, on doit veiller à profiter des comptes à traitement fiscal avantageux, en particulier un compte d’épargne libre d’impôt (CELI).

Et si l’on choisit de rembourser ses dettes, on doit s’assurer de comprendre les règles et les exigences en matière de remboursement des prêts ainsi que le coût des intérêts, tout en profitant de crédit d’impôt pour les intérêts payés sur les prêts étudiants.

 

Cet article a été rédigé par Jason Heath, CFP de Money Sense et sa publication a été autorisée par le réseau d’éditeurs DiveMarketplace d’Industry Dive. Pour toute question sur les droits de reproduction, veuillez écrire à legal@industrydive.com.