Habituellement, on nous conseille d’ouvrir un régime enregistré d’épargne-études (REEE) peu de temps après la naissance d’un enfant, ou du moins lorsqu’il est très jeune. Après tout, le REEE comporte de nombreux avantages dont celui de répartir le coût des études postsecondaires sur de nombreuses années, et de donner à votre épargne et à vos placements le temps de croître. Mais à cela s’ajoute un autre avantage – et non le moindre – d’ouvrir un REEE tôt : on peut ainsi maximiser la Subvention canadienne pour l’épargne-études (SCEE), une somme accordée par l’État qui verse des cotisations de contrepartie correspondant à 20 % de vos cotisations au REEE, jusqu’à concurrence de 500 $ par année.
Or, comme le constatent rapidement de nombreux nouveaux parents, il est facile de se laisser emporter dans le tourbillon de l’alimentation, des changements de couches et de la routine de sommeil pour se rendre compte un bon matin, en envoyant votre enfant de cinq ans à la maternelle, que vous n’avez jamais trouvé le temps d’ouvrir un REEE. En fait, de nombreuses personnes attendent beaucoup plus tard dans la vie de leurs enfants avant de commencer à penser aux études postsecondaires – certains étant même rendus dans les deux chiffres. Puis, ils craignent de perdre la SCEE et de ne pas avoir le temps de faire fructifier leur épargne.
Eh bien, nul besoin de s’en faire! Ce n’est pas parce qu’il y a eu des obstacles en chemin qui vous ont empêché d’ouvrir un REEE qu’il est trop tard pour le faire maintenant. Vous pourriez vous reprendre à l’égard de vos cotisations et du montant de la SCEE. Voici comment.
Doublez vos paiements
Pour obtenir le versement annuel maximal de 500 $ au titre de la SCEE, vous devez investir 2 500 $ dans votre REEE. Toutefois, si vous avez raté une année, vous pourriez tout de même obtenir la subvention pour cette année en question ainsi que celle de l’année en cours en effectuant une cotisation de 5 000 $. Vous pouvez le faire à répétition jusqu’à ce que vous atteigniez la limite à vie de 7 200 $ versée au titre de la SCEE. Mieux encore, il n’est pas nécessaire d’ouvrir le compte plus tôt, car vous accumulez des droits de cotisation en fonction de l’âge de l’enfant et non de l’ancienneté du compte.
Supposons que vous ouvrez un REEE pour un enfant âgé de 10 ans. Vous pouvez cotiser 2 500 $ pour l’année civile (disons 2022), ce qui vous donne droit à la subvention annuelle maximale de 500 $. Mais vous pouvez aussi verser une cotisation additionnelle de 2 500 $ pour une année précédente où vous n’aviez pas cotisé – disons 2012 ou 2013. De cette façon, vous doublez le montant versé par la SCEE pour le porter à 1 000 $ en une seule année. Répétez ce stratagème jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 17 ans (en utilisant les droits de cotisation de 2014, 2015, 2016 et ainsi de suite) et vous pourrez potentiellement récupérer toutes les cotisations inutilisées de la SCEE.
Malheureusement, le gouvernement ne vous permet pas de recevoir plus de 1 000 $ de la SCEE par année, à moins que vous soyez admissible au Bon d’études canadien en tant que famille à faible revenu. Dans ce cas, vous pourriez obtenir un maximum de 500 $ la première année où vous êtes admissible au Bon et jusqu’à 100 $ par année subséquente; ce qui signifie qu’à un certain moment, vous ne pourrez pas atteindre le montant maximal de la subvention. Alors, à quel moment considère-t-on qu’il est vraiment trop tard?
Pour être admissible à la SCEE, il faut ouvrir un REEE au plus tard le 31 décembre de l’année au cours de laquelle l’enfant atteint l’âge de 15 ans et y verser une cotisation de 2 000 $ avant la fin de cette année. Par ailleurs, vous devez avoir cotisé au moins 100 $ par année au REEE de l’enfant durant quatre années précédant la fin de l’année durant laquelle l’enfant atteint l’âge de 15 ans.
Vous pouvez toujours recevoir des cotisations au titre de la SCEE jusqu’au 31 décembre de l’année où l’enfant atteint l’âge de 17 ans. Donc, si vous commencez à épargner lorsque l’enfant a 15 ans et que vous doublez vos versements, vous devriez être en mesure d’obtenir un maximum de 3 000 $ en subventions (subvention de 1 000 $ par année pour l’année de ses 15 ans, de ses 16 ans et de ses 17 ans). Ce n’est peut-être pas le plein montant, mais c’est quand même de l’argent gratuit.
Ouvrez un REEE même sans subventions
Même si votre enfant n’est plus admissible à la SCEE si vous ouvrez le REEE le 1er janvier de l’année de son 16e anniversaire, cela ne signifie pas que vous ne devriez pas en ouvrir un après cet âge. Il n’y a pas de limite d’âge pour ouvrir un compte; en fait, certains adultes en ouvrent même un pour leurs propres objectifs d’études postsecondaires. Vous pouvez cotiser à un REEE pendant un maximum de 31 ans après son ouverture, jusqu’à concurrence d’un plafond de cotisation à vie de 50 000 $.
Peut-être que vous doutez de la pertinence d’ouvrir un REEE sans pouvoir bénéficier de la subvention. Toutefois, cotiser à un REEE demeure un choix logique puisqu’il offre une épargne ciblée à imposition reportée pour les études. Même si le Régime d’encouragement à l’éducation permanente vous permet de retirer jusqu’à 20 000 $ de votre régime enregistré d’épargne-retraite (REER) pour financer une formation ou des études à temps plein pour vous ou votre conjoint (mais pas pour votre enfant), vous pourriez hésiter à le faire puisque l’épargne dans votre REER est destinée à votre retraite. Et bien que les comptes d’épargne libre d’impôt puissent être utiles, ils sont souvent utilisés à d’autres fins, notamment pour l’achat d’une voiture ou pour une mise de fonds sur une maison. Dans le cas d’un REEE, votre épargne est réservée aux études, de sorte que vous ne serez pas tenté d’utiliser votre argent ailleurs.
En conclusion
Comme pour tout type d’épargne, plus vous commencerez tôt, mieux ce sera. Toutefois, il n’est jamais trop tard pour commencer à épargner en vue des études et pour profiter au moins d’une partie des subventions, voire de la totalité. Si vous ouvrez un compte plus tard, vous devrez aussi être conscient des placements dans lesquels vous investissez. C’est une bonne idée de parler à un conseiller en placements avant d’investir.