Jurrien Timmer invite à intégrer la volatilité au cycle de placement – 24 novembre 2025

Jurrien Timmer invite à intégrer la volatilité au cycle de placement – 24 novembre 2025

Jurrien Timmer, directeur en chef, Macroéconomie mondiale chez Fidelity, a commenté la reprise actuelle du marché et les occasions de croissance stratégiques dans un contexte où les tendances économiques et technologiques ne cessent d’évoluer.

Voici quelques-uns des points à retenir.  

Perspectives stratégiques sur les rajustements du marché

M. Timmer a soutenu que les replis récents des marchés, même une baisse de 5 % des actions, devraient être considérés comme des recalibrages normaux et sains plutôt que comme des crises. Les données historiques montrent que les corrections annuelles de 10 % à 15 % sont courantes et servent à éliminer la spéculation excessive, ce qui prépare le terrain pour une croissance durable. Malgré la récente volatilité, l’indice S&P 500 a enregistré de solides gains depuis le début de l’année, reflétant sa résilience face aux défis du marché. Reconnaître que les corrections font partie intégrante du cycle de marché aide à éviter les décisions impulsives et incite à maintenir une exposition à des actifs de qualité tout en ajoutant des positions de manière sélective lors des replis.

 

L’intelligence artificielle et le secteur des technologies de l’information : source de volatilité, puis moteur de productivité

En établissant un parallèle avec la bulle Internet de la fin des années 1990, M. Timmer a fait remarquer que la flambée des actions liées à l’intelligence artificielle (IA) a entraîné une forte volatilité, en particulier parmi les actions mèmes et des sociétés technologiques spéculatives. Or, l’élimination des acteurs les moins solides pourrait être une étape nécessaire vers une trajectoire de croissance plus durable. L’IA a le potentiel d’améliorer considérablement la productivité. Les grandes sociétés technologiques, ou les centres de données à très grande échelle, investissent massivement dans les infrastructures liées à l’IA, ce qui n’est pas sans rappeler le développement historique des services collectifs comme l’électricité. Ces investissements visent à accroître l’efficacité dans l’ensemble des secteurs, tout en tenant compte d’éventuels facteurs macroéconomiques, comme les défis démographiques et les niveaux d’endettement élevés.

 

Politique de la Réserve fédérale américaine et stabilité des taux d’intérêt

M. Timmer a souligné les récentes décisions de la Réserve fédérale américaine (Fed) au sujet de la politique monétaire, notamment les deux baisses de taux et la fin du resserrement quantitatif, qui ont réduit les pressions sur le système financier. La stabilisation du taux des obligations du Trésor à 10 ans dans la fourchette de 4,10 % à 4,15 % a contribué à calmer les marchés obligataires et à réduire la volatilité. Cette position neutre de la Fed réduit le risque d’autres tensions sur les marchés découlant d’une hausse des taux, qui a été par le passé un facteur important de replis boursiers. Le contexte actuel justifie une répartition équilibrée de portefeuille entre les actions et les titres à revenu fixe, les obligations offrant diversification et rendements réels positifs sans corrélation accrue avec les actions.

 

Contraintes macroéconomiques et impératif de productivité

Les ratios de la dette au PIB élevés supérieurs à 300 % dans les économies de marchés développés, combinés au vieillissement de la population et à l’immigration limitée, imposent d’importantes contraintes au potentiel de croissance économique. Ces facteurs structurels fixent une « limite de vitesse » faible pour une expansion non inflationniste, et soulignent le besoin crucial d’accroître la productivité pour soutenir la croissance. Le rôle de l’IA comme moteur de productivité n’est pas seulement une occasion technologique, mais aussi une nécessité macroéconomique. Les sociétés et les secteurs qui sont en mesure de générer des gains de productivité et d’en tirer parti sont appelés à obtenir un bon rendement dans ce contexte de croissance.

 

Positionnement stratégique de portefeuille dans un contexte dynamique du marché

Étant donné les conditions actuelles marquées par une volatilité sectorielle, des taux d’intérêt stables et des pressions macroéconomiques, M. Timmer appelle à l’adoption d’une approche stratégique en matière de gestion de portefeuille. Une telle approche inclut le rééquilibrage pour gérer le risque, la diversification à l’échelle internationale pour réduire la concentration dans les actions des États-Unis et des discussions avec la clientèle en ce qui concerne la tolérance au risque et les objectifs à long terme. Par ailleurs, M. Timmer a fait remarquer que les dépenses en immobilisations importantes dans le secteur des technologies de l’information, estimées à 600 milliards de dollars cette année, pourraient limiter le nombre de rachats d’actions, ce qui a traditionnellement offert un soutien aux valorisations boursières.

 

Conclusion : s’adapter pour réussir à long terme

Le marché en évolution présente à la fois des défis et des occasions. Des corrections saines, des gains de productivité grâce à l’IA, une politique monétaire stable et des réalités macroéconomiques créent un contexte de placement complexe, mais gérable.